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Description

Les conflits de l’âme (Platon, Aristote)

 

            Il s’agira d’envisager les éthiques de Platon et d’Aristote à partir des situations de tension où l’exigence de vertu entre en contradiction avec des désirs plus immédiats ou plus pressants. Dans cette perspective, on commencera par étudier la conception de l’âme et du bien qui sous-tend la représentation du conflit intérieur au sein de la pensée tragique. On montrera ensuite comment et pourquoi Platon rejette une telle conception, ce qui le conduira à rendre raison de l’expérience du conflit intérieur à partir d’un autre dispositif psychologique : c’est l’enjeu de la tripartition de l’âme en trois principes potentiellement antagoniques (la raison, l’élément impétueux, l’appétit). Loin de se contenter de l’opposition entre raison et désir, Platon reconnaît en chacune de ces trois parties autant de désirs en tension. L’âme apparaît alors comme un champ de bataille, et le rapport de forces entre ses parties fonde en dernière instance le genre de vie que nous menons et, par analogie, le genre de cité où nous vivons.

            Or cette division entre trois genres de désirs antagoniques sera l’objet de la critique d’Aristote, qui entend au contraire fixer l’opposition entre la raison d’un côté et le désir de l’autre. On montrera que chez lui la division de l’âme en différentes parties n’a plus les mêmes enjeux : elle vise moins à mettre au jour les conflits qui travaillent une âme désirante qu’à rendre raison de la diversité de nos facultés. Mais comment, dès lors, Aristote peut-il concevoir les expériences de conflit intérieur qui constituaient le point de départ de la psychologie platonicienne ? Comment la raison peut-elle encore à l’occasion lutter contre les désirs, si elle-même ne se déploie pas comme un désir en sens opposé ? L’analyse aristotélicienne de l’acrasie, situation dans laquelle celui qui souhaite le bien cède pourtant à son envie d’autre chose, retiendra tout particulièrement notre attention. L’acrasie invite en effet Aristote à déstabiliser la distinction nette entre raison et désir qu’il avait voulu opposer à Platon, et à inventer, sous la figure du souhait rationnel, de nouvelles médiations entre ces deux facultés.

            Les exercices de travaux dirigés devront permettre de travailler sur des extraits précis tirés des œuvres étudiées. Ce travail sera rigoureusement intégré à la progression du cours magistral, et les heures de CM et de TD ne peuvent donc pas être séparées ou suivies indépendamment les unes des autres.

Bibliographie

Bibliographie :
Lectures obligatoires (qui feront l’objet d’une évaluation) :

-        Platon, La République, livres IV, VIII et IX (trad. P. Pachet, Paris, Gallimard, coll. Folio Essais, 1993).

-        Aristote, Éthique à Nicomaque, livres II, III et VII (trad. J. Tricot, Paris, Vrin, coll. « Bibliothèque des textes philosophiques », 2007).

Lectures facultatives. La consultation de commentaires ne doit jamais se substituer à la lecture des œuvres, et elle n’est donc nullement exigée. Pour celles et ceux qui voudraient néanmoins lire une première introduction générale aux philosophies de Platon et d’Aristote, voir :

-        Monique Dixsaut, Platon. Le désir de comprendre, Paris, Vrin, collection « Bibliothèque des philosophies », 2003.

-        Anne Merker, Aristote. Une philosophie pour la vie, Paris, Ellipses, collection « Aimer les philosophes », 2017.