EC
CM Éthique et politique
Description
Le propre et le commun
Nul ne contesterait désormais la propriété privée, ce « droit sacré » reconnu dès la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Toutes les expériences de propriété collective n’ont-elles pas échoué ? Notre liberté ne se mesure-t-elle pas à notre capacité à être en possession de notre personne et de nos biens ? Pourtant, face aux nouvelles formes de privatisation des espaces publics et des biens communs, face à la crise écologique qui rend l’idée même de propriété de la terre problématique, se réactivent les anciennes critiques socialistes et anarchistes, tandis que de nouvelles contestent l’ordre propriétaire. Reste à savoir si ces critiques sont à la fois réalistes – quand l’émancipation prend, pour beaucoup, la forme de l’accès à la propriété – et légitimes. Que substituer en effet à la propriété privée ? Y renoncer, ne serait-ce pas renoncer à un droit subjectif essentiel, et menacer le « commun de la liberté » (Colliot-Thélène) ? Quelle figure le bien commun peut-il alors prendre, à partir du moment où nous déterminons mieux ce qui nous appartient en propre ? Ce séminaire examinera les justifications comme les critiques, à la fois classiques et contemporaines, de la propriété privée, et se demandera si la redécouverte des communs ou de la dimension sociale de la propriété pourrait devenir le ferment d’une « révolution au XXIe siècle » (Dardot et Laval).
Bibliographie
Ouvrages classiques :
Platon, La République, livre IV (Folio, traduction P. Pachet).
Aristote, Les Politiques, livre II (GF, traduction P. Pellegrin).
Thomas More, L’Utopie (GF)
John Locke, Second traité du gouvernement civil (GF)
Jean-Jacques Rousseau : Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi
les hommes, seconde partie (GF) ; Le Contrat social, livre I (GF)
Kant, Métaphysique des mœurs, II : Doctrine du droit (GF, traduction A. Renaut)
Max Stirner, L’Unique et sa propriété (La Table ronde)
P.-J. Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ? (GF)
Karl Marx, Manuscrits de 1844, « Propriété privée et aliénation du travail » (Vrin) ; La
Question juive ; Le Manifeste communiste ; Le Capital, livre I, chapitre XXVI.
Ouvrages contemporains :
Rafe Blaufarb, L’Invention de la propriété privée (Champ Vallon)
Benoît Borrits, Au-delà de la propriété : pour une économie des communs (La
Découverte)
Catherine Colliot-Thélène, Le Commun de la liberté : du droit de propriété au devoir
d’hospitalité (PUF)
Pierre Crétois, La Part commune ; La co-possession du monde (Amsterdam)
Pierre Dardot et Christian Laval, Commun : essai sur la révolution au XXIe siècle (La
Découverte)
Eric Fabri, Pourquoi la propriété privée ? (Le Bord de l’eau)
Michael Hardt et Antonio Negri, Commonwealth (Folio)
Catherine Malabou, Il n’y a pas eu de Révolution (Bibliothèque Rivages)
Robert Nozick, Anarchie, État et utopie (PUF)
Jean-Fabien Spitz, La propriété de soi. Essai sur le sens de la liberté individuelle (Vrin)
Sarah Vanuxem, La Propriété de la terre (Wildproject)