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Description

CM : L’histoire de la philosophie selon Nietzsche

Si Nietzsche appartient bien sûr à l’histoire de la philosophie, il a aussi développé une lecture personnelle de cette histoire, en s’y intéressant régulièrement du début à la fin de son œuvre. Un signe concret de cet intérêt est le nombre élevé d’ouvrages d’histoire de la philosophie que Nietzsche a lus ou consultés : on peut citer entre autres le Précis d’histoire de la philosophie de Friedrich Ueberweg, deux volumes d’Eduard Zeller sur La Philosophie des Grecs considérée dans son développement historique, l’Histoire critique de la philosophie d’Eugen Dühring, ou encore les tomes sur Spinoza et sur Kant de l’Histoire de la philosophie moderne de Kuno Fischer. Nietzsche a ainsi fourni un important travail de documentation en matière d’histoire de la philosophie. Or ce travail n’avait rien de fortuit méthodologiquement, de la part d’un auteur qui reprochait précisément aux philosophes idéalistes leur « manque de sens historique » (Humain, trop humain, § 2) et même leur « égypticisme » (Crépuscule des idoles, « La “raison” en philosophie », § 1). Car Nietzsche a souhaité redéfinir la philosophie, lorsqu’elle n’était pas une législation sur les valeurs, comme « l’extension la plus grande du concept d’“histoire” » (FP 1885, 38 [14]). Cette historicisation radicale exigeait du philosophe une attention nouvelle à l’histoire de sa propre discipline : l’enjeu étant d’en prendre une vue d’ensemble afin de préparer, comme le suggère le sous‑titre de Par-delà bien et mal, une « philosophie de l’avenir ».
Ce cours visera à présenter quelques grandes thèses nietzschéennes au sujet de la tradition philosophique, mais surtout les schémas d’interprétation et les méthodes de lecture que Nietzsche adopte pour justifier ces thèses. On se référera en particulier à d es textes qui portent dans leur globalité sur l’histoire de la philosophie : à commencer par La Philosophie à l’époque tragique des Grecs (1873), la seule histoire de la philosophie que Nietzsche ait écrite à proprement parler, peu après avoir professé un cours de philologie classique sur Les Philosophes préplatoniciens (1872). Le corpus du cours inclura également la première section de Par‑delà bien et mal (1886), intitulée « Des préjugés des philosophes », et trois chapitres du Crépuscule des idoles (1888) : « Le problème de Socrate », « La “raison” en philosophie » et « Comment le “vrai monde” finit par tourner à la fable ». Le CM aura aussi pour objectifs d’enrichir la culture générale philosophique des étudiants et de stimuler leur réflexion au sujet de l’histoire de la philosophie elle-même, au‑delà des auteurs particuliers qui s’y succèdent. Dans le cadre du TD destiné aux étudiants de philosophie, on apprendra à expliquer méthodiquement un texte de Nietzsche en prenant en compte les spécificités de l’écriture nietzschéenne. Un TD distinct sera proposé aux étudiants de licence humanités par Alix Bouffard.

TD : Bacon et Descartes : de la méthode à la métaphysique.
On estime d’ordinaire que Descartes et Bacon jouent, au seuil de la modernité, deux partitions distinctes. À Bacon l’invention de la méthode expérimentale, que devait consacrer le développement des sciences positives. Au contraire, la méthode de Descartes, sans doute aveuglée par les idées claires et distinctes, devait mener à une physique entièrement chimérique. — À Descartes l’invention d’une métaphysique adéquate à la modernité : il reviendra dorénavant aux sciences d’étudier les corps étendus en longueur, largeur et profondeur. Au contraire, la métaphysique de Bacon serait encore entachée par une conception de la nature héritée de la Renaissance. Mais on ne saurait né gliger que Descartes s’est prononcé, et prononcé favorablement, sur la méthode de Bacon : on étudiera donc conjointement les méthodes de ces deux auteurs, jusqu’au point où elles se séparent et donnent lieu à deux métaphysiques sensiblement différentes.
 

Compétences visées

Au terme de cette formation, l’étudiant est capable de s’orienter dans une période de l’histoire de la pensée, de restituer les thèses et arguments d’un auteur, de se décentrer des représentations communes, de chercher dans les systèmes de pensée du passé des outils pour penser le présent.

 

Bibliographie

Bibliographie :
Descartes, Méditations métaphysiques, GF, collection bilingue
Descartes, Discours de la méthode, Nathan (Intégrales de philo)
Pascal, Préface au traité du vide, GF (volume comprenant De l’esprit géométrique, Ecrits sur la Grâce)
Nietzsche, Le crépuscule des idoles, Gf (traduction Henri Albert)
Nietzsche, Le gai savoir, GF (traduction Patrick Wotling)
Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, parties 1 à 3, Nathan (traduction Angèle Kremer-Marietti, « Intégrales de philo »)